
Plus que jamais, l’énergie est au cœur de l’actualité, qu’il s’agisse des relations internationales ou des enjeux environnementaux. Dans ce contexte, l’efficacité énergétique est à la fois un grand défi et une solution d’avenir, et le secteur de la ventilation fait partie de la solution.
Indispensables dans les espaces commerciaux, les édifices institutionnels et les bâtiments industriels, les systèmes de ventilation ont été sous le feu des projecteurs lors de la récente pandémie et les exigences en matière de qualité de l’air se sont accrues (voir notre article : Une pandémie plus tard).
La principale source de consommation énergétique des systèmes de ventilation est le traitement de l’air extérieur, dont l’apport constant assure la qualité de l’air intérieur. Chauffé ou refroidi avant d’être insufflé dans le bâtiment, l’air est évacué dans les mêmes proportions pour maintenir la pression du bâtiment et la qualité de l’air ambiant.
L’enjeu n’est d’ailleurs pas seulement d’évacuer le CO2 ou les virus : « Des études montrent que la qualité de l’air dans les universités a un impact sur la capacité de concentration des étudiants et donc sur leurs résultats – le cerveau doit être bien oxygéné! », précise Jonathan Pires, directeur de l’ingénierie chez MC Ventilation.
Si ce traitement de l’air est à la fois l’élément le plus crucial et le plus énergivore du système de ventilation, de nombreuses pistes existent pour gagner en efficacité énergétique.
Une vision d’ensemble
L’une des solutions au problème est d’élargir sa perspective, notamment en prenant en considération les coûts globaux du bâtiment et de son usage, et non seulement les coûts ponctuels de la mise en place ou de la révision du système de ventilation.
« Oui, un système plus énergivore va coûter moins cher en frais d’installation. Mais si sa consommation entraîne des surcoûts annuels en électricité ou en gaz, ce n’est pas du tout rentable sur le long terme », explique M. Pires.
Par ailleurs, l’efficacité énergétique ne repose pas sur le seul système de ventilation. Il faut considérer le bâtiment dans son ensemble en favorisant toujours plus de collaboration entre les différents acteurs : experts en ventilation, électriciens, architectes… Un meilleur décloisonnement des domaines d’expertise est une des clés de l’efficacité énergétique.
Un travail de sensibilisation
Cette réflexion d’ensemble doit être portée par les premiers concernés : les promoteurs et propriétaires immobiliers. Pour Jonathan Pires, l’enjeu central est donc de « sensibiliser les clients aux nouvelles technologies et aux retombées à long terme d’installations efficaces, ce qui concerne aussi bien la consommation d’énergie que la valeur du bâtiment ».
En effet, un édifice plus performant sur le plan énergétique a de bonnes chances de voir sa valeur s’accroître plus rapidement que celle d’un bâtiment énergivore. Et ce n’est pas tout : les règlementations sur les émissions de GES vont être de plus en plus exigeantes dans les années à venir. Il y a donc tout intérêt à anticiper plutôt que d’attendre les pénalités.
Selon M. Pires, il est aussi important que les entrepreneurs guident leurs clients dans la recherche de subventions (nombreuses, mais méconnues), afin qu’ils prennent une décision éclairée qui ne se base pas que sur le coût de l’installation. « Ce travail de sensibilisation et d’accompagnement est aussi notre rôle si l’on veut participer au virage vert », souligne‑t‑il.
« Ce travail de sensibilisation et d’accompagnement est aussi notre rôle si l’on veut participer au virage vert. »
Jonathan Pires, directeur de l’ingénierie
Les avancées technologiques
Les progrès techniques ne manquent pas, en particulier dans le domaine de l’échange d’énergie. Citons la roue thermique, qui permet un échange de chaleur entre l’air évacué et l’air injecté; les murs solaires, qui préchauffent l’air à l’extérieur du bâtiment; et les thermopompes, qui sont de plus en plus efficaces en matière de récupération de chaleur.
Évidemment, une technologie de pointe ne dispense pas d’être vigilant. « Un entretien fréquent et une révision régulière des besoins et du fonctionnement des systèmes peuvent éviter une surconsommation d’énergie », explique M. Pires. « Prenons un centre d’achat : si la vocation d’un local change, il faut vérifier que le système correspond toujours aux besoins ».
Concevoir des installations de ventilation intelligentes pour réduire la réchauffe terminale est aussi une façon efficace d’économiser l’énergie. Enfin, l’implantation de séquences de contrôle permettant d’ajuster l’apport d’air frais en fonction de l’occupation des lieux est une autre voie d’avenir – surtout à l’ère d’une généralisation du télétravail.